Le 29 mars 2009, l’UFM a participé au colloque organisé par le Collectif pour la défense des droits des Caribéens et Caribéennes en Martinique, dont l’UFM fait partie depuis septembre 2006 intitulé « Immigration en Guadeloupe et en Martinique ».
Le collectif a souhaité par cette journée, développer une réflexion sur le vécu des immigré·e·s en Guadeloupe et en Martinique et chercher à mettre à plat le
quotidien chaotique des immigré·e·s et la politique de l’administration préfectorale.
Cette journée a eu deux axes importants : la notion de collectif et celle de Caribéen
et Caribéenne.
Divers intervenants ont permis d’approfondir plusieurs aspects de la législation de la politique d’immigration en vigueur dans nos pays, d’aborder la situation de ces ressortissants étrangers, l’immigration et mondialisation, la nécessaire lutte contre xénophobie et le racisme, l’immigration et relations institutionnelles dans la Caraïbe.
Le colloque s’est clôturé par un dernier thème : la solidarité à construire entre les peuples de la Caraïbe.
L’UFM a eu à intervenir sur le thème des femmes étrangères et sur le combat qu’elle mène pour soutenir toutes ces femmes qui poussent la porte de l’espace d’écoute et d’accompagnement, de plus en plus nombreuses. On a pu dans notre intervention, insister sur cet engagement aux côtés de ces femmes démunies car isolées pour la plupart et à la merci de toutes les exploitations et profitasyon possibles (dénonciation, chantage sexuel, chantage aux papiers, esclavage…).
Nous avons rappelé l’importance de se mobiliser dans les permanences d’accueil juridique le samedi matin et de renforcer pour les adhérentes, l’atelier : Fanm tout koté sanblé.
Ce colloque a été très riche en connaissances et a été en lien avec tout le travail engagé depuis des années par l’UFM dans la finalité de construire une Caraïbe solidaire et respectueuse des droits des femmes. A l’issue de cette journée, où a été dénoncée l’absence de débat politique en Martinique sur cette question des droits des étrangers et la libre circulation de nos frères et sœurs de la Caraïbe, une motion a été rédigée par l’assemblée pour être médiatisée et envoyée à l’ensemble des élus et à la population martiniquaise.
Nous vous présentons la motion suivante.Ce dimanche 29 mars 2009, à la suite du colloque organisé par le Collectif pour la Défense des Droits des Caribéens et des Caribéennes sur l’immigration caribéenne en Guadeloupe et en Martinique, l’assemblée des participants présente
la motion suivante :
- considérant que l’immigration des Caribéens et des Caribéennes en Martinique et en Guadeloupe se fait dans un contexte de déni des droits humains ;
- considérant que les grands mouvements de revendications sociales de janvier-février en Guadeloupe et en Martinique ont permis de porter un autre regard sur les Caribéens travaillant chez nous ;
- considérant qu’il s’agit là d’un problème politique et que nous devons nous positionner par rapport par rapport à la politique d’immigration menée par le gouvernement français telle que la manifeste la législation mise en place ;
- considérant qu’il faut rejeter avec cette démarche de recherche du dominant de faire en sorte que le dominé cherche plus dominé que lui – démarche qui engendre la xénophobie.
Nous refusons, compte tenu de notre histoire commune dans le bassin caribéen, la définition d’étranger à cet espace que l’Etat français nous impose.
Nous dénonçons les incessantes modifications législatives qui conduisent à des pratiques administratives et judiciaires discriminatoires et inhumaines à l’égard des Caribéens étrangers et de ceux qui les soutiennent.
Nous dénonçons la double discrimination – sexiste et raciste – dont sont victimes les femmes étrangères. Nous condamnons radicalement toute violence à leur égard – en toutes circonstances y compris dans la vie de couple.
Nous exigeons la suppression des arrestations, des détentions arbitraires, des reconduites à la frontière. Etre étranger n’est pas criminel.
Nous exigeons l’arrêt des violences policières à l’encontre des étrangers.
Nous exigeons que soient totalement respectés les droits de la défense des immigrés comme de tout être humain – notamment que leurs avocats bénéficient de tous les moyens nécessaires pour organiser leur défense.
Nous exigeons le respect de la législation du travail par les employeurs, tant au niveau de l’embauche que des conditions de travail des salariés étrangers.
Nous exigeons que les droits fondamentaux des femmes étrangères soient garantis, notamment dans les domaines du travail, de la formation et de la vie familiale.
L’Assemblée appelle les peuples de Martinique et de Guadeloupe à s’associer aux peuples de la Caraïbe dans des actions communes concrètes, nécessaires et efficaces, destinées à faciliter et à harmoniser la libre circulation des hommes et des femmes caribéens dans leur espace naturel.
Elle appelle ainsi à constituer des réseaux de solidarité et de coopération entre les peuples pour faire échec aux pratiques de l’Etat français contre lesquelles les actions individuelles sont peu efficaces.
Elle appelle aussi tous ceux qui sont chargés dans nos pays de l’éducation et de la formation à orienter leurs pratiques dans le sens d’une citoyenneté responsable en luttant contre la xénophobie et le racisme, contribuant ainsi au processus de décolonisation de nous-mêmes.
Collectif pour la défense des droits des Caribéens et Caribéennes en Martinique :
- ADHM (Association des Haïtiens de Martinique)
- Amnesty International Groupe 421 Martinique
- ASSOKA (Association Solidarité Karaib)
- Cercle Frantz Fanon
- CDMT (Centrale Démocratique Martiniquaise des Travailleurs))
- CGTM (Confédération Générale des Travailleurs de la Martinique)
- LDH (Ligue des Droits de l’Homme – section Martinique)
- UFM (Union des Femmes de la Martinique)