Gerty Archimède, femme majeure de l’histoire de Guadeloupe est née en 1909 à Morne-à-l’eau (Guadeloupe).
Figure de proue et icône féministe incontestée, son engagement pour les droits et l’émancipation des femmes a marqué l’histoire de la Guadeloupe
Elle fut, en 1939, la première afro-descendante et femme antillaise à revêtir la robe d’avocate.
Engagée en politique au parti communiste, elle devint, en 1946, deux ans après que les femmes eurent le droit de voter et d’être élues (ordonnance du 21 avril 1944), la première afro-descendante à entrer à l’Assemblée nationale.
Elle est à l’origine de la création en 1958 de la section guadeloupéenne de l’Union des femmes françaises.
Avocate, députée communiste, elle a 62 ans lorsqu’elle rencontre Angela Davis à peine âgée de trente ans. Après son voyage à Cuba avec son amie communiste Kendra Alexander et quelques camarades portoricains, Angela Davis fait escale sur l’île en août 1969, afin de pouvoir rejoindre Puerto-Rico. Contrôlée par un douanier tatillon persuadé d’avoir affaire à un complot communiste, elle se voit confisquer livres et passeport et menacée de prison. Dans son autobiographie, Angela Davis raconte :« Maître Archimède était une grande femme à la peau sombre, aux yeux vifs et au courage indomptable. Je n’oublierai jamais notre première rencontre. J’ai senti que j’étais en présence d’une très grande dame. Pas un instant je ne doutais qu’elle allait nous sortir de notre mauvaise posture. Mais j’étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu’elle attirait à elle en tant que communiste, même de la part des colonialistes que, pendant un certain temps, notre problème me parut secondaire. Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l’île pour tout apprendre de cette femme. ».
Elle a su défendre des militants dans la Caraïbe, mais aussi des syndicalistes. Lors de l’affaire Srnsky, elle a su ramener le calme dans la ville de Basse-Terre et empêcher une foule lyncher le propriétaire du magasin de chaussures « Sans pareil » qui avait lâché son chien, un berger allemand contre Raphael Balzinc, un cordonnier ambulant.
Cette militante féministe deviendra maire-adjointe (1953) puis maire de Basse-Terre.
Alain Foix, philosophe, auteur, metteur en scène et petit-neveu de Gerty Archimède dans la pièce « Pas de prison pour le vent », mise en scène par François Bourseiller, raconte ce face-à-face entre ces deux combattantes, deux personnalités incroyablement charismatiques.
Parmi les nombreux hommages qui lui ont été rendus, on peut citer la statue érigée en son nom sur le boulevard du front de mer de Basse-Terre et la dénomination d’une rue à son nom dans le 12e arrondissement de Paris.
L’UFM lui a également rendu hommage dans le livret « Deux femmes exemplaires » sorti en 1994.
Source : L’Humanité 2007, Guadeloupe 1ere